Notre Dame de Bon Secours

La Chapelle Notre-Dame de bon Secours

-Situation dans le Pays
On accède à la chapelle Notre Dame de Bon Secours en suivant la route départementale qui conduit à Pontarlier et en s’engageant sur la gauche à la hauteur du carrefour qui mène au théâtre Romain sur une petite route discrète indiquée par un panneau. Ce chemin carrossable passe au pied d’une reconstitution de la grotte de Lourdes qui est le point de départ des pèlerinages des fidèles vers la chapelle. Cette grotte a été réalisée postérieurement à la construction de la chapelle sous l’impulsion des Abbés Boillin.(autour des années 1932 /1935) La chapelle surplombe le site archéologique de Mandeure. Elle offre à ses visiteurs une vue superbe sur le village, dans un cadre champêtre et paisible, où le promeneur solitaire s’arrête volontiers. Habituellement la porte de la chapelle est fermée. Elle n’est ouverte que le soir du 15 Août ou le premier dimanche de Septembre à l’occasion du pèlerinage traditionnel annuel.( Messe le matin et prière avec procession le soir) On y vient aussi seul pour confier à Notre-Dame de Bon Secours quelques intentions personnelles ou exprimer simplement un remerciement ou une louange. -Historique de la Chapelle Quand éclata la guerre Franco-Prussienne de 1870, la population catholique de Mandeure fit le voeu à Notre Dame de réaliser « quelque chose » si les 72 mobilisés ( sans distinction d’appartenance religieuse ) rentraient sains et saufs dans leurs foyers. La commune comptait alors 1013 habitants, Les 72 revinrent sains et saufs et le « quelque chose » devint le projet de construction d’une chapelle dédiée à « Notre Dame de Bon-Secours ». Cet édifice est donc un « ex-voto » Le Curé de l’époque était l’Abbé Obert. L’étude fut confiée à un architecte de Besançon M. Lavie. Le terrain fut donné par un paroissien de Mandeure et les travaux commencèrent sous la Direction éclairée d’un contremaître M. Pagnoz de Pont de Roide. Les terrassiers, les maçons, les charretiers furent les gens du Pays. Les pierres du socle et de la façade en grès des Vosges proviennent des ruines du vieux château de Blamont. Les autres matériaux furent acheminés depuis la carrière de Grange-La-Ville. En 1877, la chapelle était construite mais le clocher n’était pas en place. Cela n’empêcha pas la bénédiction solennelle en présence de quelques 2000 pèlerins et de 24 prêtres. En 1890, le clocheton fut achevé et abrita
une cloche léguée par un humble ouvrier agricole de la paroisse M. Louis Poulot. C’est toujours son carillon qui appelle les habitants de Mandeure les jours de Prière autour de la chapelle

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Un enfant de Mandeure curé à l’époque à Saulnot, ( Hte. Saône) l’Abbé Choppe, fit don de l’autel issu de l’ancienne église de Saulnot. Cet autel en chêne est très ancien et de facture entièrement manuelle. Un rétable du 18ème siècle fut donné par M. Vourron. Il était destiné à l’autel de la Sainte Vierge de l’ancienne église de Mandeure, démolie en 1833 en raison de sa vétusté et de son exiguïté. Ce retable fut malheureusement dérobé il y a quelques années sans que l’on puisse en retrouver la trace. A l’achèvement de sa construction le bâtiment était ouvert à tous les vents. Il souffrit rapidement des intempéries et d’actes malveillants. Il fallut donc en condamner l’accès par une grille qui plus tard fût complètement occultée pour empêcher les jets de pierres.
-De nos Jours
La chapelle a été restaurée extérieurement en 1967 et rénovée intérieurement en 1972 ( enduit et peinture),En 1999, les vitraux ont été brisés de nuit par des vandales .Les grillages qui les protégeaient ont été défoncés. Après avoir réuni le budget important nécessaire à la restauration (assurance-dons-subvention communale), la paroisse a fait appel à un maître verrier venu du Jura qui a su reconstituer pratiquement à l’identique les sujets traités sur chaque vitrail. ( technique du verre peint cuit au four). Dans la foulée, l’éclairage a été installé dans la chapelle , les anciens prie-Dieu remplacés par des chaises, les murs extérieurs peints. Deux tentatives d’illumination nocturne de l’édifice ont été abandonnées, toujours pour cause de vandalisme, et c’est finalement l’installation d’un projecteur dans le clocher qui signale de nuit la présence de ce site marial visible de loin.
-Notre Dame de Bon-Secours
Mandeure, terre de mémoire, pour sa longue histoire humaine plus que deux fois millénaire, abrite aussi dans les murs de cette chapelle un touchant témoignage de foi simple transmis à ses habitants sous les traits d’une vierge à l’enfant sculptée dans un morceau d’aubier de tilleul. Cette statue polychrome est l’oeuvre d’un inconnu. On sait que l’on priait déjà devant elle au temps de Jeanne d’Arc (1412-1431). Jusqu’à la révolution, elle était conservée dans la chapelle de Bondeval (qui fut démolie dans les années 1880). Il a fallu une succession d’heureuses coïncidences pour que cette statue vénérable vienne jusqu’à nous et trouve naturellement sa place dans cet édifice qui lui était dédié à Mandeure. Au 16ème siècle (la Réforme) la statue fut cachée dans les maisons catholiques de Blamont. Quand les temps permirent à nouveau un retour à la piété Mariale on la replaça à la chapelle de
Bondeval où elle fut vénérée au cours d’imposantes processions. Sur la fin du 18ème siècle en 1770 et 1780, alors qu’une terrible sécheresse sévissait dans la région, les habitants de Mandeure montèrent à Bondeval pour porter au pied de la statue toute la détresse de la population frappée par cette calamité. Ils y trouvèrent réconfort et courage et la période difficile fut dépassée. Pendant la révolution, la statue fut à nouveau à deux doigts de sa perte… En 1793, ordre fut donné par le commissaire de la République de l’époque de rassembler à Saint-Hippolyte tous les objets du culte pour les détruire. Le bûcher attendait aussi notre relique qui avait été saisie dans la chapelle de Bondeval. Une petite fille de 4 ans, Julie Briot, fille de Joseph Briot, voyant la statue au milieu des images du culte entassées s’écria « Je la veux, Je la veux »…Un Sans-Culotte, au coeur généreux, acquiesça à sa demande et Julie emporta la statue chez elle. Elle demeura chez les Briot, pendant les mauvais jours, puis elle fut portée à la chapelle de Notre-Dame du Mont à Saint Hippolyte en haut du village. Après la révolution, il ne restait qu’une seule famille catholique à Bondeval et l’Eglise était fermée. Aussi, les habitants de Mandeure déléguèrent à Saint-Hippolyte, l’adjoint au Maire M. Vourron et son gendre Jean-Baptiste Mennegay, dit « Batito », pour obtenir la garde de la vénérable statue à Mandeure. Ils rencontrèrent de la part de leurs interlocuteurs la plus entière compréhension et la relique de Bondeval prit le chemin de Mandeure où elle fut hébergée à l’ancienne église, après une intronisation solennelle le 14 Août 1800 sous le vocable N.D. de Bon Secours. Le prêtre de l’époque était M. L’abbé Lambert qui avait traversé la période troublée de la révolution sous la protection de M. Jean Vurpillot maire du Pays et de confession protestante. Deux hommes qui n’avaient pas attendu le siècle de l’oecuménisme pour s’entendre et s’aimer. C’est en 1877 que la statue quitta l’église pour être portée à la Chapelle. C’est une oeuvre classée par les Monuments Historiques.

Note
En 1975, monsieur l’abbé Ehret, curé de Mandeure, se trouva dans l’obligation de confier à un restaurateur parisien la statue de N.D. de Bon Secours qui se délitait de plus en plus. Au cours de cette restauration la vierge perdit sa couronne et l’expressison du visage la noblesse et la finesse de ses traits. Toutefois l’opération coûta fort cher, mais il fallut bien se contenter de ce piètre résultat. Pour autant le bois n’avait pas été protégé et les cirrons continuèrent leur oeuvre silencieuse de destruction. En 1999 H. Jeannin qui succèdait à P. Bole Besançon comme curé de st. Martin dût à son tour prendre la décision de mener une opération de sauvetage de la relique. Mais il ne souhaitait pas la confier à des spécialistes. C’est à une famille de Mandeure qu’il s’adressa, lui donnant carte blanche sur les moyens employés pourvu que la statue fût sauvée ! L’obligation d’enlever le bois abimé et le traitement anti parasites firent que l’oeuvre avait changé d’apparence. Le choix fût fait de rajeunir les traits de la Vierge et avec le même support conserver une Vierge à l’enfant qui n’a sans doute plus son caractère antique, mais a retrouvé sa fraicheur et sa simplicité. Les archives laissent penser que la statue fût entreposée plusieurs années dans un grenier , au froid et à l’humidité pendant la reconstruction de l’église en 1833. Elle fût aussi malencontreusement plâtrée soit disant pour la protéger ! Son séjour à la chapelle en toutes saisons n’a pas dû arranger les choses non plus. Maintenant elle est abritée dans une famille d’octobre à mai depuis de nombreuses années. Les Grands jours de procession, on chante en choeur le cantique à Notre-Dame de Bon Secours en usage depuis 1872.

L’ensemble ,grotte- chapelle, fait partie du patrimoine de Mandeure. Avec les regroupements de paroisses, la gestion de ce patrimoine est confié à la paroisse Notre Dame de Belchamp. Cela n’empêche pas les Mandubiens de rester très attachés à « leur chapelle », à veiller à sa bonne conservation, et à faire en sorte que tout un chacun se sente accueilli sur ce site. C’est ainsi qu’à la belle saison des bénévoles ouvrent la chapelle le dimanche après midi et reçoivent les visiteurs curieux de son histoire et peut-être désireux de formuler une prière à notre Dame du Bon Secours, « Notre Bonne et tendre Mère….. »
Avec l’afflux des touristes autour du théâtre antique cela est d’autant plus précieux , la chapelle étant dans son périmètre.

La sécurisation de la grotte nécessite parfois l’intervention de spécialistes ! Ci-contre, C. Guitton avec son groupe spéléo.
Mandeure 17-01-14 P. Bt.